Home Diplomatic News Impact et conséquences de la crise du coronavirus. La ministre Kaag lance...

Impact et conséquences de la crise du coronavirus. La ministre Kaag lance un appel pour une approche internationale.

0
Mme. Sigrid Kaag, ministre du commerce extérieur et de la coopération au développement.

Mme. Sigrid Kaag, ministre du commerce extérieur et de la coopération au développement.

« La crise révèle à quel point nous sommes dépendants les uns des autres. À quel point nous sommes liés, et vulnérables. Cette crise requiert, en conséquence, une approche internationale. Une approche qui soutienne autant que possible les pays fragiles. »

La ministre du commerce extérieur et de la coopération au développement, Sigrid Kaag, a partagé avec les ambassadeurs francophones des renseignements sur l’actualité de la crise au cours d’une réunion organisée en ligne, le 18 mai dernier, par l’ambassadeur d’Arménie, S.Exc. M. Tigran Balayan, en sa qualité de coordinateur du groupe des ambassadeurs francophones à La Haye. 

« La solidarité internationale est plus nécessaire que jamais », a déclaré la ministre, et cela pour deux raisons.

« La première est d’ordre moral : nous avons la responsabilité d’aider dans la mesure du possible les populations vulnérables à échapper au véritable désastre humanitaire qui les menace. 

La seconde est d’ordre rationnel : ce choix est dans notre propre intérêt commun ». Et la ministre de préciser que, si ces raisons pouvaient à première vue paraître  quelque peu contradictoires, elles ne l’étaient nullement en réalité.

S.Exc. Mme Laura Dupuy Lasserre, Ambassadeur de l’Uruguay.

Comme à l’accoutumée, le message de Mme Kaag a été clair et précis. Les ambassadeurs ont pu à leur tour formuler des observations sur des questions les intéressant plus particulièrement. Ainsi, l’ambassadeur d’Uruguay, S.Exc. Mme Laura Dupuy Lasserre, a plaidé pour une plus grande ouverture du commerce et l’abolition des quotas d’importation, afin  de soutenir l’économie internationale, et souligné la nécessité de lutter contre la montée du protectionnisme ; dans ce contexte, elle a appelé l’attention des participants sur les mesures restrictives qui entravent l’importation dans l’Union Européenne des viandes originaires d’Uruguay.

S.Exc. M. Luis Vassy, ambassadeur de France. Photographie par OPCW.

Pour sa part, S.Exc. M. Luis Vassy, ambassadeur de France, a abordé  la question du montant de la coopération en pourcentage du  PIB dans un moment de crise où les besoins sont plus importants que jamais.

« La crise du coronavirus aggrave la pauvreté, l’instabilité et l’insécurité dans les zones vulnérables du monde. Nous en connaissons tous les conséquences, notamment le terrorisme et les migrations clandestines. Au niveau international, nos économies sont tellement imbriquées que la récession mondiale provoquée par la pandémie a d’énormes répercussions – pour tous. 

Le FMI appelle cette crise « le grand confinement » : la pire récession économique depuis la grande dépression des années trente. Il prévoit une contraction de l’activité économique mondiale de l’ordre de 3 à 8 % » a indiqué la ministre. 

S.Exc. M.Abdel Sattar Issa, ambassadeur du Liban, a remercié la ministre Kaag pour sa collaboration dans le cadre de la situation prévalant actuellement au Liban. 

Les mesures progressives de confinement et de distanciation physique, ainsi que les dates de mise en œuvre de décisions  concrètes telles que  la fermeture des écoles, le travail à distance, l’interdiction des rassemblements ou encore les contrôles aux frontières, ont divergé d’un pays à l’autre. 

 Les courbes épidémiologiques ont à leur tour connu des progressions différentes. Aux Pays Bas, le contrôle des frontières sera d’application jusqu’à la mi-juin, et la ministre a souligné  que la priorité sera d’ouvrir les frontières vers l’Europe et à l’intérieur de celle-ci, tout en précisant  que la question était encore à l’étude. « C’est encore très tôt pour tirer des conclusions », a-t-elle observé. 

« Que vaut l’épreuve de force lancée contre le virus par les pays à l’intérieur de leurs frontières si elle ne s’accompagne pas d’une approche internationale ? 

Il est crucial de mener une action énergique, multilatérale et coordonnée, à deux titres au moins : afin de  réduire le risque d’une seconde vague de contamination ; et pour sortir de la récession. L’économie mondiale ne pourra réellement se redresser qu’une fois que tous les pays auront levé leur confinement. »

En effet, selon les mesures prises, les scientifiques prévoient la possibilité d’une deuxième, voire d’une troisième vague. 

Dans un avis publié en urgence la semaine dernière, à la demande de la chambre des représentants, le conseil consultatif pour les questions internationales (AIV) a insisté sur l’importance d’une approche coordonnée.

En parlant du rôle des Pays Bas dans le contexte de la crise mondiale causée par propagation du virus, Mme Kaag a noté ce qui suit : 

« Le développement futur de la pandémie dépendra en grande partie de la réaction des pays dotés d’un système de santé vulnérable, mais aussi de notre capacité à coopérer et à échanger des informations.

Le contexte de la lutte contre la maladie rend la crise prodigieusement complexe en Afrique et dans certaines parties du Moyen-Orient, en particulier dans les zones les plus fragiles et instables. En outre, comment lutter contre la propagation du coronavirus dans une zone de conflit ou un camp de réfugiés ? Le respect de la distanciation physique y est impossible.

Le confinement, la fermeture des frontières, la paralysie du commerce et la fuite des capitaux ont des conséquences extrêmement déstabilisantes dans les pays en développement : perte directe de revenus et pénurie alimentaire. » 

Le Programme alimentaire mondial des Nations unies, a-t-elle indiqué, annonce une famine aux proportions historiques ;  la pauvreté mondiale sera en nette augmentation, en particulier sous l’influence combinée des retombées de la pandémie de la COVID-19 et du changement climatique. 

« J’ai libéré début avril un budget de 100 millions d’euros en faveur de la prévention, de l’aide humanitaire d’urgence et de l’atténuation des dommages socioéconomiques dans les pays en développement» a-t-elle ajouté.

S.Exc. M. Abdelouahab Bellouki Ambassadeur du Maroc.

La  Ministre Kaag a également mis en exergue  les efforts du gouvernement néerlandais  en matière de préservation de la santé mentale et de soutien psychosocial. La semaine antérieure, les Nations Unies avaient mis la communauté internationale en garde contre l’impact de la pandémie sur la santé mentale. Le climat actuel d’anxiété, d’incertitude et d’instabilité socioéconomique entraîne en effet inévitablement une grande détresse psychique.

Enfin, l’ambassadeur du Maroc, S.Exc. M. Abdelouahab Bellouki, que la ministre a remercié de son intervention pour permettre aux néerlandais surpris par la fermeture des frontières de regagner les Pays-Bas, a souligné  que cette réunion en ligne constituait un moment historique.

S.Exc. M. Tigran Balayan, Ambassadeur de l’Arménie.

C’était de fait la première fois qu’une réunion de cette nature se tenait, et les participants ont été unanimes à exprimer leur appréciation et leur gratitude à S.Exc. l’ambassadeur Balayan pour avoir pris l’initiative et avoir veillé à l’organisation de cette réunion pionnière.

Exit mobile version