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Regard sur le monde: Le rôle de l’Europe et des Nations Unies pour la paix mondiale

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Par Mariarosaria Iorio, Analyste politique.

Le malaise est désormais mondial.  

La fin de la guerre froide nous avait promis un monde capitaliste, libre et heureux.  Or, trente-et-un ans (octobre 2020) après la chute du mur de Berlin en 1989, nous sommes dans un monde plus que jamais divisé et en proie à la désintégration.   

La paix mondiale est menacée, alors qu’elle est non seulement souhaitée, mais nécessaire pour le bien-être des peuples de la planète.    

Force est de constater que la mondialisation de l’économie n’a pas, à elle seule,  suffit à redistribuer, comme escompté, les ressources et les bénéfices des échanges internationaux.  Au contraire, dans certains cas la mondialisation économique a marchandé même les êtres humains,  elle a durcit les relations humaines en les centrant uniquement au tour de la valeur argent. La mondialisation économique a créé des richesses qui ont été concentrées dans les mains d’une minorité mondiale au dépends de la majorité.  

Il est désormais reconnu que l’aide au développement et la politique commerciale d’inspiration libérale n’ont suffit ni à harmoniser le monde ni à créer des revenus stables pour la majorité de la population mondiale.  Au contraire, elles ont souvent créé des distorsions systémiques.  Ces distorsions ont renforcé la dépendance des pays pauvres des pays riches tout en rendant les écarts entre les riches et les pauvres encore plus évidents, tant entre pays qu’à l’intérieur des pays les plus riches.  

Cette situation est source d’instabilité est mondiale.

La pauvreté reste le facteur dominant dans beaucoup de pays du monde.    

L’exploitation des pays pauvres par les pays industrialisés dans le cadre de la division internationale du travail demeure.  Cette division n’a pas été réduite par la mondialisation de l’économie.  Dans beaucoup de cas, les pays du Sud restent encore en situation de dépendance économique et politique des pays riches.

Pour ces raisons il est nécessaire de remettre le multilatéralisme onusien et commercial (Organisation Mondiale du Commerce) au centre des débats politiques mondiaux. 

Mais, il faut en modifier les règles de fonctionnement, entre autres, en élargissant le nombre de membres permanents du Conseil de Sécurité et en réévaluant l’idée de veto pour rendre sa prise de décision adaptée aux changements du monde. 

Il est aussi nécessaire de rendre les rôles des Secrétaires-Généraux des institutions onusiennes plus visibles et politiquement libres. Ces figures doivent pouvoir prendre position dans les débats internationaux qui soient dans l’intérêt  de la justice mondiale. Ce n’est pas le cas dans le fonctionnement actuel.       

Certes, l’Europe a un rôle à jouer dans la reconstruction de la paix mondiale.

Certes, la cause des Nations Unies est noble.  

Mais, tant que les politiciens européens joueront pour des intérêts économiques nationaux, à court terme, contre la stabilité mondiale à long terme leur contribution ne marquera pas le progrès mondial.  

Et tant que les Nations Unies resteront dans une vision des années 50 du monde, et choisiront de ne pas prendre de positions courageuses sur la situation actuelle du monde, notamment en matière de maintien de la paix et de la santé publique mondiale l’opinion publique sera, à tort ou à raison, de plus en plus hostile à ses institutions et à ses actions.  

Le monde a besoin de courage et de justice sociale !  

Sans justice sociale pas de  développement économique durable.  

Sans justice sociale pas de paix durable. 

Les événements récents montrent que l’Europe n’échappe pas à cette réalité.  

Les Nations Unies ne peuvent plus rester silencieuses face aux inégalités criantes du monde, y compris dans les pays riches. 

Quel rôle pour l’Europe ?   

L’Europe doit jouer son rôle dans la construction de la paix mondiale, y compris au sein des Nations Unies.   

Mais, le manque d’une réelle politique étrangère commune et d’une fédération qui aille au-delà des intérêts nationaux affaiblit sa capacité décisionnelle en matière de politique étrangère.  

Cet état de fait contraint l’Europe à agir dans l’urgence sans pouvoir engager une réflexion à long terme.   

L’Europe semble être dans l’impasse. 

Pour sortir de l’impasse, l’Europe doit ouvrir un débat sur son avenir politique, y compris au sein des Nations Unies. La crise des institutions européennes, comme de celles du système des Nations Unies,  est le miroir de la crise du monde contemporain.   Un monde déstructuré et en proie au chaos dans lequel les intérêts individuels et ceux des plus forts prévalent sur la paix et la justice sociales.  

La philosophie libérale s’est insinuée dans les rouages du multilatéralisme en l’affaiblissant en faveur du repli sur soi des pays qui avaient une tradition de dialogue international. 

L’Europe et les Nations Unies sont aussi en quelque sorte les victimes de la course des Etats aux intérêts politiques nationaux à court terme.  

Et les Nations Unies?

L’hostilité à l’égard des Nations Unies grandit dans le monde. 

Alors que les Nations Unies n’arrivent plus à constituer une masse critique en faveur de la paix mondiale.  Ce système est perçu comme étant un monde à part qui parle à lui-même, qui est décroché des réalités des peuples du monde, et qui parfois travallerait même contre les peuples.   

Malgré les efforts faits par les bonnes volontés, le système mondial reste dans l’impasse. 

Le fonctionnement des Nations Unies est celui de l’après-guerre de 1948. Il s’agit d’un puzzle composé par les Etats-Nations dont le poids décisionnel à l’intérieur du système est fondé sur leur capacité militaire, leur puissance technologique et leur développement économique.  Cette vision est décrochée du monde actuel. Un monde dans lequel la puissance est diffuse. 

Le monde contemporain est multipolaire. 

La puissance militaire ne détermine plus la victoire face aux nouvelles formes de « guerre » comme le terrorisme.  L’influence et la puissance  des Etats se désintègrent face à la mondialisation du terrorisme.  

Ainsi les tiraillements entre les puissances du Conseil de sécurité rendent la prise de décision longue et inadéquate aux changements rapides du monde contemporain.  

Le positionnement politique des Nations Unies est faible. 

Cette faiblesse est le résultat de compromis fondés sur les intérêts nationaux des grandes puissances de l’après-guerre et non sur ce qui est nécessaire à la stabilité mondiale.  Les positions des Nations Unies sont diluées dans le compromis.  Un compromis souvent en défaveur des plus faibles car dicté par les besoins financiers du système.  

Le temps est venu de sortir de la lassitude et de reprendre le chemin de l’action pour la paix mondiale.

Sur l’auteur:

Mariarosaria Iorio

Mariarosaria Iorio est une analyste politique, passionnée des relations internationales et de la politique africaine. Mariarosaria a une longue expérience dans l’analyse des relations internationales, tant en ce qui concerne le multilatéralisme que les relations UE-ACP.  

Son itinéraire professionnel a commencé en 1991 au Bureau International du Travail et a continué à l’Organisation Mondiale du Commerce ainsi que dans le monde universitaire et des ONG.   Son livre Global Governance Trade and the Crisis in Europe  présente ses réflexions sur la gouvernance globale, la crise en Europe and le commerce international.  Il peut être commandé sur www.fnac.fr. Ses autres articles sont disponibles inter alia sur son profil linkedIN Mariarosaria IORIO, Political Writer and African Peace Facility.  Elle peut être contactée à travers la messagerie de son profil linkedIn. 

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