Par Mariarosaria Iorio, Analyste politique.
Le malaise est désormais mondial.
La fin de la guerre froide nous avait promis un monde capitaliste, libre et heureux. Trente-et-un ans (2020) après la chute du mur de Berlin en 1989, nous sommes dans un monde plus que jamais divisé et en proie à la désintégration.
La paix mondiale est menacée, alors qu’elle est non seulement souhaitée, mais nécessaire pour le bien-être des peuples de la planète.
La mondialisation économique a créé des richesses qui ont été concentrées dans les mains d’une minorité mondiale au dépends de la majorité.
Cette situation est source d’instabilité et mondiale.
La pauvreté reste le facteur dominant dans beaucoup de pays du monde.
Pour ces raisons il est nécessaire de remettre le multilatéralisme onusien et commercial (Organisation Mondiale du Commerce) au centre des débats politiques mondiaux. Il faut en modifier les règles de fonctionnement, entre autres, en élargissant le nombre de membres permanents du Conseil de Sécurité et en réévaluant l’idée de veto pour rendre sa prise de décision adaptée aux changements du monde.
Certes, l’Europe a un rôle à jouer dans la reconstruction de la paix mondiale.
Certes, la cause des Nations Unies est noble.
Mais, tant que les politiciens européens joueront pour des intérêts économiques nationaux, à court terme, contre la stabilité mondiale à long terme leur contribution ne marquera pas le progrès mondial.
Le monde a besoin de courage et de justice sociale !
Sans justice sociale pas de développement économique durable.
Sans justice sociale pas de paix durable.
Les événements récents montrent que l’Europe n’échappe pas à cette réalité.
Les Nations Unies ne peuvent plus rester silencieuses face aux inégalités criantes du monde, y compris dans les pays riches.
Quel rôle pour l’Europe ?
L’Europe doit jouer son rôle dans la construction de la paix mondiale, y compris au sein des Nations Unies.
Mais, le manque d’une réelle politique étrangère commune et d’une fédération qui aille au-delà des intérêts nationaux affaiblit sa capacité décisionnelle en matière de politique étrangère.
Cet état de fait contraint l’Europe à agir dans l’urgence sans pouvoir engager une réflexion à long terme.
L’Europe semble être dans l’impasse.
Pour sortir de l’impasse, l’Europe doit ouvrir un débat sur son avenir politique, y compris au sein des Nations Unies. La crise des institutions européennes, comme de celles du système des Nations Unies, est le miroir de la crise du monde contemporain. Un monde déstructuré et en proie au chaos dans lequel les intérêts individuels et ceux des plus forts prévalent sur la paix et la justice sociales.
L’Europe et les Nations Unies sont aussi en quelque sorte les victimes de la course des Etats aux intérêts politiques nationaux à court terme.
Et les Nations Unies?
L’hostilité à l’égard des Nations Unies grandit dans le monde.
Alors que les Nations Unies n’arrivent plus à constituer une masse critique en faveur de la paix mondiale. Ce système est perçu comme étant un monde à part qui parle à lui-même, qui est décroché des réalités des peuples du monde, et qui parfois travaillerait même contre les peuples.
Malgré les efforts faits par les bonnes volontés, le système mondial reste dans l’impasse.
Le fonctionnement des Nations Unies est celui de l’après-guerre de 1948. Il s’agit d’un puzzle composé par les Etats-Nations dont le poids décisionnel à l’intérieur du système est fondé sur leur capacité militaire, leur puissance technologique et leur développement économique. Cette vision est décrochée du monde actuel. Un monde dans lequel la puissance est diffuse.
Le monde contemporain est multipolaire.
La puissance militaire ne détermine plus la victoire face aux nouvelles formes de « guerre » comme le terrorisme. L’influence et la puissance des Etats se désintègrent face à la mondialisation du terrorisme.
Ainsi les tiraillements entre les puissances du Conseil de sécurité rendent la prise de décision longue et inadéquate aux changements rapides du monde contemporain.
Le positionnement politique des Nations Unies est faible.
Le temps est venu de sortir de la lassitude et de reprendre le chemin de l’action pour la paix mondiale.