Gaza / Israël : à propos de la déclaration de la Palestine reconnaissant la compétence de la CIJ et demandant à intervenir en l’affaire Afrique du Sud contre Israël

Par Nicolas Boeglin

Le 3 juin, la Cour Internationale de Justice (CIJ) a annoncé dans un communiqué de presse qu’elle a reçu une déclaration de la Palestine reconnaissant la compétence générale de la CIJ, afin d’intervenir dans l’affaire Afrique du Sud contre Israël : voir le communiqué de presse de la CIJ en anglais et en français.

Peu diffusée (et encore moins commentée dans les grands médias internationaux), cette déclaration faite par la Palestine mérite que l´on s’y attache afin d’en comprendre la motivation et la portée, que nous essaierons d’expliquer dans les lignes qui suivent.

La Palestine et la justice internationale de La Haye: un long cheminement

Nous demanderons à nos cher(e)s lecteurs et lectrices un peu d’indulgence pour expliquer (en bref) ce que la Palestine peut et ne peut pas faire juridiquement aux Nations Unies en tant qu’État, au regard des règles de l’ordre juridique international en vigueur.

Comme on le sait, malgré une demande formulée en septembre 2011, la Palestine n’est toujours pas un État membre des Nations Unies, mais un « État non-membre observateur », selon le statut qui lui a été accordé le 29 novembre 2012, lors d´un vote mémorable au sein de l’Assemblée Générale des Nations Unies (Note 1). 

Plus récemment, nous avons eu l’occasion d’analyser le veto américain observé le 18 avril 2024 au sein du Conseil de Sécurité lors du vote d’une résolution recommandant son admission (Note 2). Lors du tout premier véto nord-américain d’octobre 2023 concernant le drame qui se vit sur le territoire palestinien occupé de Gaza, nous avions écrit que:

 “Ce détail, ainsi que les déclarations faites par le représentant de la Chine précitées indiquent que les représentants des États-Unis ont laissé croire qu´ils n´avaient plus d´objections au projet de texte de résolution, surprenant leurs homologues avec un vote contre” (Note 3). 

Cette fois-ci, aucune surprise n’a vu le jour : on remaquera en outre que, l’annonce répétée d’un véto probable dans les jours précédents le vote du 18 avril 2024 sur l’admission de la Palestine aux Nations Unies … coïncide avec les toutes premieres mobilisations sur les campus universitaires aux Etats-Unis en faveur de la Palestine. 

Nous avons également eu l’occasion d’analyser en bref l’adoption ultérieure d’une résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies visant à accorder à la Palestine de nouveaux droits au sein des Nations Unies, en attendant qu’elle obtienne un jour son admission formelle en tant qu’État membre (Note 4). 

Le détail du vote obtenu de cette résolution de l’Assemblée Générale, diffusé sur la toile (voir hyperlien) est reproduit ci-contre. Au cours de ce vote, Israël et les Etats Unis n’ont pu recueillir que sept votes contre avec les leurs:

La Palestine n’étant pas un État membre des Nations Unies, elle n’a pour le moment pas le moyen de devenir juridiquement un État partie à l’instrument normatif qui a créé les Nations Unies : la Charte fondatrice de cette organisation, plus connue sous le nom de Charte de San Francisco, adoptée en 1945 (voir texte). 

Au regard de la relation d’un Etat membre avec la CIJ, les articles 92 et 93 de ce traité international instituant les Nations Unies stipulent en particulier que :

Article 92 : La Cour internationale de Justice constitue l’organe judiciaire principal des Nations Unies. Elle fonctionne conformément à un Statut établi sur la base du Statut de la Cour permanente de Justice internationale et annexé à la présente Charte dont il fait partie intégrante.

 Article 93 :  1. Tous les Membres des Nations Unies sont  ipso facto  parties au Statut de la Cour internationale de Justice.  2 Les conditions dans lesquelles les États qui ne sont pas Membres de l’Organisation peuvent devenir parties au Statut de la Cour internationale de Justice sont déterminées, dans chaque cas, par l’Assemblée générale sur recommandation du Conseil de sécurité”.

Ceci dit, le fait que la Palestine ait acquis le statut d’ « État non-membre observateur », déclaré comme tel depuis novembre 2012, lui a permis de ratifier un grand nombre de traités internationaux, tels que : 

–  le Statut de Rome créant la Cour Pénale Internationale (CPI) en janvier 2015 (voir l´ état officiel des signatures et des ratifications) ou bien encore; 

–  la Convention sur le génocide de 1948, qu’elle a ratifiée en avril 2014 (voir l’  état officiel), 

et ce parmi beaucoup d’autres traités internationaux, ouverts à tous les États (qu’ils soient ou non Etats membres des Nations Unies).

Certaines de ces conventions multilatérales contiennent une disposition indiquant que la CIJ est parfaitement compétente pour connaître de différends entre les Etats Parties à la dite convention.

Le 28 septembre 2018, la Palestine a déposé une requête auprès de la CIJ contre les États-Unis (voir le texte complet de sa requête), au sujet du transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Pour sa toute première requête en tant qu’État remise au juge international de La Haye, à ce jour en attente de résolution, la Palestine a utilisé comme base de compétence de la CIJ un Protocole à la Convention de Vienne de1961 sur les Relations Diplomatiques, à laquelle les États-Unis et la Palestine étaient États parties en 2018  (voir texte complet) : un examen de l’état officiel des signatures et ratifications indique que les États-Unis ont procédé à la dénonciation de cet instrument le 12 octobre 2018 lorsqu’il est indiqué (dernière partie de l’hyperlien) que :

On 12 October 2018, the Secretary-General received from the Government of the United States of America a communication notifying its withdrawal from the Optional Protocol. The communication reads as follows: “… the Government of the United States of America [refers] to the Optional Protocol to the Vienna Convention on Diplomatic Relations Concerning the Compulsory Settlement of Disputes, done at Vienna on April 18, 1961.This letter constitutes notification by the United States of America that it hereby withdraws from the aforesaid Protocol. As a consequence of this withdrawal, the United States will no longer recognize the jurisdiction of the International Court of Justice reflected in that Protocol“.

Sans effet juridique immédiat (et encore moins rétroactif), la requête de la Palestine ne devrait pas être affectée par cette manœuvre nord-américaine quelque peu désespérée, fort peu connue (et encore moins médiatisée). 

Les Etats-Unis dénoncent un traité international utilisé par la Palestine pour les poursuivre devant le juge international, tout juste 15 jours après l’introduction de la requête par la Palestine. Voilà une dénonciation, modalité “express” (ou encore “urgency: very high“), suite à une requête, et qui ne semble pas avoir de précédent dans l’histoire de la CIJ depuis 1946 : sur cette réponse nord-américaine inédite observée en 2018, on aurait souhaité la voir analysée et commentée par d’éminents spécialistes du droit des traités et des procédures devant la CIJ dans les diverses revues juridiques spécialisées en droit international public. Sauf erreur de notre part, c’est un sujet qui ne semble pas avoir attiré outre mesure l’attention des commentateurs (Note 5). S’agissant en plus d’un Etat comme les Etats-Unis, qui ne reconnaissait pas le statut d’Etat  à la Palestine en 2018 et persiste depuis dans cette position, la dénonciation de ce traité multilatéral pose des interrogations plus qu’intéressantes.

Bien plus suprenant, c’est le silence du site officiel de la CIJ sur les suites de cette affaire contentieuse : en effet, depuis l’ordonnance de la CIJ fixant les délais en date du 16 novembre 2018, aucune information additionnelle n´est disponible (voir texte de l’ordonnance). On lit dans l’un des considérants de cette ordonnance que la fixation des délais s’est faite sans la présence des diplomates des Etats-Unis: 

… par une lettre datée du même jour, Mme Newstead a informé le Greffe que les Etats-Unis ne prendraient pas part à la réunion que le président avait proposé de tenir le 5 novembre 2018 avec les représentants des Parties

Le délai fixé par la CIJ pour déposer le contremémoire des Etats-Unis a été fixé par cette ordonnance au 19 novembre 2019, sans que le site de la CIJ n’informe depuis sur la suite de la procédure depuis cette décision de la CIJ. 

Sauf erreur de notre part, jamais dans l´histoire de la CIJ tant d’années se sont écoulées depuis l’adoption d’une ordonnance de la CIJ dans une affaire contentieuse, sans que l’on ne sache rien depuis sur la suite de la procédure. Il va de soi que la pratique de certains tribunaux nationaux d’affaires “classées sans suite” sans motif apparent, n’a jamais trouvé de place au sein de la CIJ, dont certaines affaires ont été rayées du rôle de la CIJ, à la demande expresse de l’État demandeur (Note 6).

La déclaration palestinienne en bref

Avec cette déclaration publiée par la CIJ le 3 juin 2024, la Palestine cherche à contrer les objections que certains États pourraient soulever auprès des juges de la CIJ concernant une requête à fin d’intervention dans l´affaire opposant deux États membres des Nations Unies, en l’occurrence, l’Afrique du Sud et Israël.

Dans sa déclaration (voir le texte intégral), la Palestine exprime clairement son souhait d’intervenir dans le différend entre l’Afrique du Sud et Israël depuis le 29 décembre 2023 (date à laquelle l’Afrique du Sud a déposé une plainte officielle contre Israël).

A cette fin, la Palestine invoque à la fois l’article 62 et l’article 63 du Statut de la CIJ. 

Récemment, nous avons eu l’occasion d’analyser la  requête  à fin d’intervention en l’affaire Afrique du Sud contre Israël, présentée par le Mexique le 28 mai 2024 aux juges de la CIJ (Note 7), dans laquelle le Mexique invoque l’article 63 (tout comme avant lui, la Colombie et la Libye). On expliquera  plus loin la particularité de la requête du Nicaragua dans sa demande d’intervention, invoquant l’article 62 du Statut de la CIJ et non pas l´article 63.

Après le Nicaragua, la Colombie (voir requête du 5 avril 2024), la Libye (voir requête soumise le 10 mai 2024) et le Mexique (voir requête du 24 mai), la Palestine rejoint ainsi les États qui ont formellement demandé à la CIJ d’intervenir en tant qu’État tiers entre l’Afrique du Sud et Israël.

En tant qu’Etat partie à la Convention sur le génocide de 1948, la Palestine ne pouvait pas voir d’objections juridiques valables à sa demande d’intervention sur la base de l’article 63.

La déclaration palestinienne indique qu’en ce qui concerne la requête au titre de l’article 62, la volonté des autorités palestiniennes vise à protéger leurs intérêts en tant qu’État, étant donné qu’il est question de la destruction totale délibérée de Gaza par Israël et d’une grande partie de la population civile qui y réside, actions menées par Israël depuis le soir du 7 octobre 2023 :

33. The present Application for which permission to intervene is sought has two complementary purposes: 

– First, to enable the State of Palestine to inform the Court regarding its legal interest which is at the core of the dispute presented to the Court; 

– Second, to allow the State of Palestine to protect its interests of a legal nature that will be affected in those proceedings at each stage of the proceedings“. 

En ce qui concerne l´article 63, on lit que :

41. The State of Palestine understands that by availing itself of the right to intervene under Article 63 of the Statute of the Court, the construction of the Genocide Convention given by the judgment in this case will be equally binding upon it. The State of Palestine will submit its written observations, bearing in mind the pleadings of the Parties and the documents annexed“.

La Palestine précise également que ses diplomates et ses conseillers juridiques connaissent fort bien les réflexions menées avant l´adoption en 1948 de la Convention sur le génocide de 1948 :

43. The State of Palestine was, of course, not present when the Genocide Convention was being drafted. Nevertheless, it appears that the situation in Palestine was in the minds of the drafters of the Convention. In the Sixth Committee, the Egyptian representative spoke of events in Palestine at the time as an example of the destruction of religious groups. Syria tabled the following amendment: “Imposing measures intended to oblige members of a group to abandon their homes in order to escape the threat of subsequent ill-treatment.” Syria did not refer to Palestine explicitly but the context strongly suggests that its concern was with the Nakba“.

La différence entre l’article 62 et l’article 63

Il convient de noter une spécificité du Nicaragua dans la requête à fin d’intervention auprès des juges de la CIJ dans le différend entre l’Afrique du Sud et Israël (voir texte complet de la requête  déposée le 23 janvier 2024 en français et en anglais). 

Alors que les autres États ont invoqué l’article 63 du Statut de la CIJ (voir texte), qui permet à tout État partie à une convention d’intervenir lorsqu’il s’agit de l’interprétation à donner aux dispositions de cette convention faisant l’objet d’un différend entre deux États devant la CIJ, le Nicaragua (et maintenant la Palestine) ont choisi d’invoquer une autre disposition, qui comporte un enjeu beaucoup plus important pour l’État qui l’invoque : l’article 62 du Statut de la CIJ, qui se lit comme suit :

Article 62: 1. Lorsqu’un Etat estime que, dans un différend, un intérêt d’ordre juridique est pour lui en cause, il peut adresser à la Cour une requête, à fin d’intervention. 2. La Cour décide”.

La position du Nicaragua (voir texte complet de la requête déposée le 23 janvier 2024 en français et en anglais) cherche à pousser jusqu’à ses dernières conséquences l’idée que l’interdiction du génocide est une norme de jus cogens de nature impérative qui lie tous les Etats de la même manière : tous les Etats devraient, logiquement, avoir un intérêt juridique au respect de cette norme fondamentale, et une déclaration en ce sens de la CIJ renforcerait les effets de ce que l’on appelle les « normes impératives du droit international général », telles que consacrées par l’article 53 de la Convention de Vienne sur le Droit des Traités de 1969. 

Une relecture de la requête du Nicaragua sur la base de cet élément permet de mieux comprendre les nombreuses références faites par le Nicaragua dans le texte de sa requête à cette catégorie spécifique de règles fondamentales de l’ordre juridique international, rarement invoquées devant le juge international de La Haye par les Etats qui plaident devant lui.

Le Nicaragua et la Palestine: un bref rappel historique

Pourquoi un tel engouement affiché par le Nicaragua devant la CIJ pour essayer de contrer Israël et comment expliquer une telle solidarité  avec le peuple palestinien depuis la soirée du 7 octobre 2023? 

Les autorités actuelles du Nicaragua ont encore en mémoire que de fort nombreux combattants et anciens compagnons d’armes durant la lutte armée au Nicaragua dans les années 60-70 sont tombés sous l’effet d’armes et de munitions israéliennes utilisées par les autorités de l’époque. D’un point de vue historique, il convient en effet de rappeler que durant ces decennies, le Nicaragua et Israël ont entretenu des relations très étroites en termes de coopération militaire, ce qui explique pourquoi, depuis juillet 1979, les autorités nicaraguayennes se sentent si proches de la cause palestinienne. 

Dans cet article intitulé « Israeli Agency in the Iran-Contra Affair » publié en 2016, on peut lire (pages 8-9) que : 

In February 1957, a Nicaraguan delegation to Israel negotiated a $1.2 million arms deal with Shimon Peres who was the director general of the Israeli Defence Ministry. According to the Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), by the 1970s Israel accounted for 98% of Nicaragua’s arms imports. This included tanks, light aircraft, armoured cars, ammunition, and automatic rifles. In early 1978, Somoza changed his National Guard’s standard arms from the American Garan M-1, to the modern Israeli Galil assault rifle.Some members of the National Guard were also armed with Israeli made lightweight UZI submachine guns. In January 1979, a group of American diplomats expressed concern over Somoza’s military overconfidence, that “one reason Somoza was so cocky in resisting pressures to resign was the knowledge that Israel, which had been a full-times arms salesman working the countries of the Caribbean Basin, could and would supply whatever the National Guard needed”.

A Managua, pour commémorer le 10e anniversaire de la mort du leader palestinien Yasser Arafat, une cérémonie officielle a été organisée avec les plus hautes autorités du Nicaragua (voir note de presse de novembre 2014). Récemment – fin janvier 2024 -, le décès d’une poétesse nicaraguayenne de renom, dont la famille était originaire de Palestine, et qui fut la compagne sentimentale de Yasser Arafat pendant quelques temps, a été signalé (voir la photo d’archive contenue dans cet article de La Prensa de Nicaragua, et cette note de presse du 28 janvier 2024).

Il convient enfin de préciser que le Nicaragua n’entretient plus de relations diplomatiques avec Israël depuis juin 2010, en raison de l’attaque d’une flottille humanitaire turque par l’armée israélienne (voir l’article de El Tiempo / Colombia du 1er juin 2010). Il s’agit d’une situation que le Nicaragua partage avec d’autres États d’Amérique Latine depuis quelque mois: la Bolivie (depuis le mois d’octobre 2023), Belize (novembre 2023) et la Colombie (voir communiqué officiel du 1er mai 2024), ces trois  Etats étant les derniers à avoir rompu leurs relations diplomatiques avec Israël.  

Pour compléter ce qui en est dans le reste de l’Amérique Latine, Cuba n’a plus de relations avec Israël depuis 1967, tandis que le Venezuela a rompu ses relations diplomatiques avec Israël en janvier 2009, suite à la dramatique offensive militaire en Israël observée entre décembre 2008 et janvier 2009 (voir note de presse d’El Pais/Espagne). Comme le Venezuela en 2009, la Bolivie avait également rompu ses relations diplomatiques avec Israël et les avait officiellement reprises il y a quelques années, à la fin du mois de novembre 2019 (voir note de presse 2019 de l’agence de presse turque TRT).

On signalera également que le Nicaragua a présenté le 1er mars 2024 une requête contre l’Allemagne accompagnée d’une demande urgente en indication de mesures conservatoires pour violation de certaines dispositions de la Convention sur le génocide de 1948, en particulier celles concernant l’obligation de prévention qui s’impose aux Etats Parties (voir texte en francais et en anglais). Cette demande a donné lieu  à  une ordonnance adoptée le 30 avril 2024 (voir texte) dans laquelle on y lit un avertissement assez clair de la part de la CIJ aux Etats fournissant des armes et des munitions à Israël, Allemagne inclue :

24. De surcroît, la Cour estime particulièrement important de rappeler à tous les États les obligations internationales qui leur incombent en ce qui concerne le transfert d’armes à des parties à un conflit armé, afin d’éviter le risque que ces armes soient utilisées pour commettre des violations des conventions susmentionnées. Toutes ces obligations incombent à l’Allemagne en tant qu’État partie auxdites conventions lorsqu’elle fournit des armes à Israël“.

Un autre avertissement du juge international, tout en filigrane cette fois, peut être suggéré par l’expression “à l´heure actuelle“, lorsque l´on y lit que:

20. Sur la base des informations factuelles et des arguments juridiques présentés par les Parties, la Cour conclut que, à l’heure actuelle, les circonstances ne sont pas de nature à exiger l’exercice de son pouvoir d’indiquer des mesures conservatoires en vertu de l’article 41 du Statut“.

La suite de la procédure

La CIJ devra maintenant informer, comme elle l’a déjà fait à plusieurs reprises, l’Afrique du Sud et Israël, afin de connaître leur points de vue respectifs sur les demandes d’intervention de la Palestine et des autres États tiers dans le différend qui les oppose : ces États tiers qui ont demandé l’intervention sont, comme précisé antérieurement :

–  le Nicaragua (janvier 2024);  

– la Colombie (avril 2024); 

– la Libye et le Mexique (mai 2024). 

On remarquera que l’inaction collective des Etats européens dans leur ensemble concernant ces demandes d’intervention au juge international semble atteindre ses limites : en effet, l´Espagne vient d’annoncer qu’elle présentera une demande similaire au juge de la CIJ, en soutien  à la requête de l’Afrique du Sud (voir note de presse de la DW du 6 juin 2024). L’Espagne est aussi l’Etat qui récemment, avec l’Irlande et la Norvège, a décidé qu’il était temps de procéder à la reconnaissance de la Palestine comme Etat (voir communiqué officiel du 28 mai dernier) rejoignant la Suède, dernier Etat européen à avoir procédé à cette reconnaissance en 2013 (Note 8).  

On signalera au passage qu’au début du mois de mars 2024, la Belgique avait annoncé une intervention similaire auprès de la CIJ, non suivie d’effet à ce jour, pour des raisons… qu’il serait fort intéressant de connaître (voir article de presse du 11 mars 2024). 

Au delà des effets d’annonces que l’on observe ci et là, l’Etat européen qui sera le premier à effectivement déposer une requête à fin d’intervention en vue de soutenir l’Afrique du Sud viendra conforter bien des observateurs et acteurs de la vie internationale, médusés et indignés par l’inaction collective de l’Europe depuis le soir du 7 octobre 2023: tant pour ce qui est des recours juridiques qu’offre la Convention contre le génocide (153 Etats Parties) que ceux qu’offre le Statut de Rome (124 Etats Parties). Concernant ce dernier traité, nous renvoyons aux deux uniques renvois urgents (“referral“) envoyés à la CPI le 17 novembre 2023 dans le cas su premier (voir texte), et du 18 janvier 2024 dans le cas du second (voir texte) dans lesquels aucun Etat européen n’apparaît parmi les signataires. 

Ce n’est qu’une fois connues les positions de l´Afrique du Sud et d’Israël que la CIJ décidera par une ordonnance, après avoir organisé des audiences à La Haye, si elle accepte ou bien rejette ces demandes d’intervention d’États tiers dans le différend opposant l’Afrique du Sud à Israël, dont les dates pour les documents de la procédure écrite ont été recemment fixées (Note 9).

Dans le cas spécifique de la requête palestinienne, il est fort probable qu’Israël contestera en plus le fait que la Palestine puisse la présenter, étant donné qu’Israël ne reconnaît pas la Palestine en tant qu’État, tout comme les États Unis, le Canada, et bien d’autres États européens. 

Dans le cas particulier du Panama, le seul État d’Amérique Latine à ne pas reconnaître la Palestine en tant qu’État, depuis août 2014, ses autorités « évaluent » la possibilité d’une telle reconnaissance (voir note de presse de La Estrella de Panamá d’août 2014).

Un mois de mai particulier pour Israël

Cette nouvelle initiative de la diplomatie palestinienne vise à rapprocher juridiquement la Palestine au différend entre l’Afrique du Sud et Israël et au débat, qui s’annonce intense, entre l’équipe juridique sud-africaine et israélienne devant les juges de la CIJ. 

On notera plus largement que les mécanismes visant à faire respecter le droit international commencent petit à petit à s’appliquer au drame indicible que l’ on observe à Gaza,  avec en particulier une semaine du mois de mai 2024 extrêmement défavorable pour Israël :

– qui a commencé le 20 mai par une demande à la Cour Pénale Internationale (CPI) d’un mandat d’arrêt provenant du procureur de la CPI (voir déclaration officielle) à l’encontre de son premier ministre et de son ministre de la défense  (Note 10); 

– et qui s’est achevée le 24 mai, avec une troisième ordonnance rendue par la CIJ (voir texte complet) exigeant, entre autres, qu’Israël suspende immédiatement son offensive militaire à Rafah (Note 11). 

Concernant les audiences publiques dans la capitale néerlandaise durant les 16-17 mai, nous avions indiqué que:

L’argument d’Israël selon lequel le délai extrêmement court fixé par la CIJ l’a empêché de se présenter avec une équipe juridique complète peut cacher une autre réalité, beaucoup moins avouable de la part des diplomates israéliens présents à La Haye : l’impossibilité pour Israël de trouver en Israël des avocats disposés à le défendre publiquement durant des audiences au Peace Palace dans la capitale néerlandaise.

C’est probablement la première fois dans l’histoire de la CIJ depuis 1946 qu’un État se plaint auprès des juges de la CIJ d’un délai très court pour se défendre : un argument qui pourrait être interprété de diverses manières par certains membres de la CIJ lors des délibérations qui ont commencé peu après la fin des audiences, le 17 mai” (Note 12).

On notera que le juge ad hoc désigné par Israël a présenté sa démission le 6 juin dernier (voir note de presse du Timesof Israel). 

Les réactions des Etats Unis et d’autres Etats

Concernant la décision du Procureur de la CPI, elle a provoqué une réaction d’indignation de la diplomatie nord-américaine a peine prononcée le 20 mai 2024 depuis La Haye (voir communiqué officiel). 

Le 5 juin 2024 aux Etats-Unis, une proposition de loi afin de sanctionner le personnel de la CPI a été adoptée (voir note de The Gardian): ce texte dénote, une fois de plus, la facilité avec laquelle Israël obtient des faveurs au sein de la classe politique nord-américaine. 

Comme on le sait, Israël et son fidèle allié étasunien ont toujours été extrêmement sensibles sur cette question. Le dépôt par la Palestine le 21 janvier 2009 d´une déclaration d´acceptation de la juridiction de la CPI fut considéré par le service juridique de l´armée israélienne comme une nouvelle forme de terrorisme, inconnue des spécialistes : le “terrorisme légal (Note 13).  Récemment en Israël un article publié para Magazine +972 a documenté les pressions exercées par les services de renseignement israéliens sur le personnel de la CPI durant 9 ans (voir article).

Par contre, concernant l´ordonnance de la CIJ en date du 24 mai, au moment de rédiger ces lignes, aucune réaction officielle des Etats-Unis n’a été enregistrée, contrairement aux manifestations officielles de certains Etats tels que, entre bien d’autres, celle de l’Arabie Saoudite, du Chili, de la Colombie ou encore de l´Irlande

Pour revenir aux Etats tiers souhaitant aussi intervenir en l’affaire Afrique du Sud contre Israël, outre le Mexique, qui a officiellement présenté sa demande d’intervention à la CIJ, le Chili a récemment annoncé son intention de se joindre au soutien de l’action intentée par l’Afrique du Sud contre Israël (voir le communiqué de presse de la BBC du 1er juin 2024).

Il faut noter que malgré l’ordonnance de la CIJ du 24 mai 2024, Israël a jugé opportun et nécessaire de commencer ses opérations à Rafah, provoquant les réactions de nombreux États dénonçant une série de bombardements aveugles d’un camp de réfugiés à Rafah entre les 25 et le 26 mai : on peut citer, parmi beaucoup d’autres, la déclaration officielle publiée par le Qatar et l’Afrique du Sud, ainsi que une forte déclaration publiée par plusieurs experts des droits de l’homme de l’ONU (voir le communiqué de presse officiel des Nations Unies).

Cette note de l’ONG palestinienne Al Mezan, basée à Gaza, datée du 28 mai, exhorte pour sa part la communauté internationale à condamner et à prendre des mesures pour mettre fin à l’action insensée d’Israël.

A cet égard, en ce qui concerne les réactions officielles enregistrées en Amérique Latine, nous renvoyons nos cher(e)s lecteurs et lectrices aux communiqués officiels de la Bolivie, du Brésil, du Chili et de la Colombie : leur lecture (recommandée) met en évidence les lacunes du communiqué officiel du Costa Rica, dont le texte évite de préciser que le « bombardement » a été causé par les forces militaires israéliennes et omet tout simplement de mentionner Israël (Note 14). Une prudence sémantique similaire se retrouve dans le communiqué officiel du Pérou (voir texte), tandis que les ministères des affaires étrangères de l’Argentine, de l’Equateur, du Panama et de l’Uruguay ont estimé qu’il n’était pas nécessaire d’exprimer une quelconque opinion concernant le bombardement par Israël d’un camp de réfugiés à Rafah.

Lorsqu’un Etat ignore une décision obligatoire de la CIJ, la Charte des Nations Unies prévoit un mécanisme dans lequel intervient le Conseil de Sécurité: un projet de résolution du Conseil de Sécurité proposé par l’Algérie (voir texte) circule depuis le 27 mai, et pourrait bien contraindre cette fois-ci les Etats Unis à se dissocier des demandes pressantes  émanant des autorités israéliennes : à moins que les Etats-Unis ne soient prêts (à nouveau) à exercer leur droit de veto pour protéger leur fidèle allié israélien de l’application du droit international en vigueur. Une telle option signifierait probablement pour l´actuel président des Etats Unis une nouvelle mobilisation sur les campus universitaires nord-américains tout comme dans les rues de ses villes principales, et sans aucun doute, la perte de toute chance de réélection lors des élections américaines, prévues en novembre 2024. 

Le texte de l’Algérie est passé au second plan, en raison d’une manoeuvre diplomatique des Etats Unis au Conseil de Sécurité, et de l’adoption d’un projet de résolution présenté par les Etats Unis le 10 juin 2024 (voir texte) saluant et entérinant l’accord de cessez-le-feu rendu public le 31 mai (toujours par les Etats Unis): on remarquera qu’en Israël, plusieurs déclarations officielles critiquent ouvertement cet accord des Etats Unis. Malgré cette manoeuvre, somme toute assez habile, nord-américaine, le texte de l’Algérie devrait refaire surface dans les jours prochains au sein du Conseil de Sécurité. 

Dans les milieux académiques, plusieurs analyses mettent en avant le fait que les ordonnances de la CIJ devraient intéresser tous les Etats, et non seulement l’Afrique du Sud et les Etats qui ont demandé à intervenir dans son procès contre Israël (Note 15).

En ce qui concerne un autre théâtre d’opérations proche de Gaza où l’on peut constater le même manque de respect total de la part d’Israël, l’ONG  Human Rights Watch a dénoncé le 4 juin dernier l’utilisation par Israël de phosphore blanc contre les populations civiles au Sud-Liban (voir rapport). 

Enfin, ce 12 juin 2024 a été présenté aux Nations Unies un troisième rapport d´une commission d’enquête du Conseil des Droits de l´Homme des Nations Unies (voir communiqué officiel et note du service de presse des Nations Unies) dont les conclusions seront sans aucun doute d’une grande utilité pour les juges de la CIJ mais aussi de la CPI (voir document A/HRC/56/26 du 27 mai 2024 disponible sur la toile). On lit au point 2 de ce rapport que: 

2.The Commission sent the Government of Israel six requests for information and access and one request for information to the State of Palestine. The State of Palestine provided extensive comments. No response was received from Israel“. 

On lit également en conclusions de ce rapport (dont la lecture complète  est recommandée) que:

96. The Commission notes that Israeli authorities failed to protect civilians in southern Israel on almost every front. This included failing to swiftly deploy sufficient security forces to protect civilians and evacuate them from civilian locations on 7 October. In several locations ISF applied the so-called ‘Hannibal Directive’ and killed at least 14 Israeli civilians. Israeli authorities also failed to ensure that forensic evidence was systematically collected by concerned authorities and first responders, particularly in relation to allegations of sexual violence, undermining the possibility of future judicial proceedings, accountability and justice“.

En guise de conclusion 

Cette nouvelle initiative de la Palestine en ce début du mois de juin 2024 témoigne de la grande solidité de son appareil diplomatique, usant de toutes les ressources dont elle peut bénéficier, au même titre que tout Etat membre des Nations Unies lorsque ses droits ne sont pas respectés. 

Cette attitude contraste avec les déboires à répétition de la diplomatie israélienne, les déclarations incendiaires de ses diplomates et de ses autorités, qui semblent, dans le cas de certaines d’entre elles, découvrir l’existence du droit international public et d’un mécanisme juridique pour le faire respecter comme la CIJ: les exactions répétées de son armée depuis le soir du 7 octobre 2023 contre la population civile de Gaza et l’intensité des frappes aveugles et indiscriminées sur Rafah depuis l’ordonnance de la CIJ du 24 mai témoignent d’une volonté israélienne de défier ouvertement la justice internationale.

La sensation de fuite en avant dangeureuse que ses autorités politiques manifestent au plan stratégique et militaire, avec une opération militaire israélienne qui vient de passer le cap des 8 mois sans avoir atteint un seul des objectifs militaires officiels fixés, renforce pour nombre d’observateurs, la capacité de lecture anticipée de l’Afrique du Sud, dont la requête  a été déposée, faut il le rappeler, dès le 30 décembre 2023 à La Haye (Note 16). 

Pour ce qui est de la CPI en tant que telle, il est bon de rappeler qu´en 2020, lorsque la Bureau du Procureur de la CPI avait émis l’idée de poursuivre le haut commandement militaire israélien pour les offensives militaires de 2009 et 2014 sur Gaza, la presse isarélienne avait eu écho d´une liste de 200-300 noms (voir note du Timesof Israel du 16 juillet 2020): on attend en ce  mois de juin 2024, que des échos similaires commencent à laisser des traces sur ce point précis.

Indéniablement, en ces mois de mai et juin 2024, malgré poses et attitudes défiantes de ses autorités, déclarations officielles courroucées et autres qui n’impressionnent plus grand monde, l’étau du droit international se reserre sur Israël. 

Dr. Nicolas Boeglin.

L’auteur: Nicolas Boeglin, est professeur de droit international public, Faculté de droit, Université du Costa Rica (UCR). Contact : nboeglin@gmail.com.

 – Notes –  

Note 1: Cf. BOEGLIN N., “Le nouveau statut de membre de la Palestine aux Nations Unies : une perspective latinoaméricaine“, Le Monde du Droit, Section Decryptages, édition du 3 janvier 2013. Texte disponibleici. En anglais, cf. AKANDE D., “Palestine as a UN Observer State: Does this Make Palestine a State?“, EJIL-Talk, édition du 3 décembre 2012. Texte disponible ici. Plus généralement, sur la participation de la Palestine en tant qu’Etat au sein des diverses organisations internationales, cf. MARTIN J.C., “Le statut de la Palestine dans les organisations internationales”,Annuaire Français de Droit International  Vol. 62 (Année 2016), pp. 213-233. Texte intégral disponible ici

Note 2: Cf. (en espagnol) BOEGLIN N., “El veto de Estados Unidos a la admisión de Palestina como Estado Miembro de Naciones Unidas: algunas reflexiones“, Blog Derecho InternacionalCosta Rica, 18 avril 2024. Texte disponible ici.

Note 3: Cf. BOEGLIN N., “Gaza / Israël : à propos du véto des États-Unis au projet de résolution du Conseil de Sécurité présenté par le Brésil“, Blog de la Société Québécoise pour le Droit International (SQDI), édition du 27 octobre 2023. Texte disponible ici.

Note 4: Cf. (en espagnol)  BOEGLIN N., “Palestina: a propósito de la reciente resolución sobre derechos de Palestina como  futuro Estado Miembro de Naciones Unidas“, Blog Derecho InternacionalCosta Rica, 10 mai 2024. Texte disponible ici. 

Note 5: Sur ce sujte précis, cf  DOPAGNE F., “Observations sur la pratique récente de dénonciation des traités“, Vol. 64, Annuaire Français de Droit International (2018), pp. 131-159, notamment pp.141-144.

Note 6: Parmi des désistements récents, celui de l´Equateur dans l’ affaire l’opposant  à la Colombie concernant l’épandage áerien de pesticides dans leur zone frontaliere, en raison d’un accord entre ces deux Etats, dans lequel la Colombie s’accorde, entre autres,  à  verser 15 millions de US dollars en échange d’un retrait de la demande présentée en 2008 (voir texte de l’accord, point 9): également voir sur ce sujet le desistement, le communiqué officiel de la CIJ de septembre 2013. En 1991, le Nicaragua a demandé au juge de La Haye de rayer l’affaire contre les Etats-Unis, celle-ci étant consacrée à l’étape sur la compensation pour dommages causés au Nicaragua par les Etats Unis, suite au jugement rendu en 1986 par la CIJ sur le fond en faveur du Nicaragua: voir le communiqué de la CIJ (voir texte) de septembre 1991.

Note 7: Cf. (en espagnol)  BOEGLIN N., “Gaza / Israel: a propósito de la solicitud de México de intervenir en la demanda de Sudáfrica contra Israel ante la Corte Internacional de Justicia (CIJ)“, Blog Derecho InternacionalCosta Rica,  28 de mayo del 2024. Texte disponible ici. 

Note 8:  Cf. BOEGLIN N., “La reconnaissance récente de la Palestine par la Suède : perspectives“, Sentinelle (Bulletin de la SFDI, Société Francaise pour le Droit International), édition de novembre 2014. Texte disponible ici

Note 9: Une ordonnance fixant les délais de dépôt des pièces de la procédure écrite du 5 mai 2024 établit les échéances suivantes (voir texte):

– pour le mémoire de l´Afrique du Sud: le 28 octobre 2024 ; 

– pour le contre-mémoire de l’État d’Israël, le 28 juillet 2025. 

On lit aussi dans cette décision que la CIJ a fixé un délai différend de celui proposé par les deux Etats:

 … lors de cette réunion, l’agent de l’Afrique du Sud a indiqué que son gouvernement souhaiterait disposer, pour la préparation de son mémoire, d’un délai de 12 mois à compter du prononcé de l’ordonnance en indication de mesures conservatoires en date du 26 janvier 2024, mais qu’il « s’en remettra[it] à la décision de la Cour » sur cette question ; et considérant que l’agent adjoint d’Israël a affirmé que, de l’avis de son gouvernement, un délai de six mois serait suffisant pour la préparation, par chacune des Parties, de ses premières écritures“.

Note 10: Cf. (en espagnol) BOEGLIN N., “Gaza / Israel: a propósito del anuncio del Fiscal de la Corte Penal Internacional (CPI) de solicitar órdenes de arresto por crímenes de guerra y de lesa humanidad“, Blog Derecho InternacionalCosta Rica editée le 20 mai 2024. Texte disponible ici.

Note 11: Cf. (en espagnol)  BOEGLIN N., “Gaza / Israel: Corte Internacional de Justicia (CIJ) ordena a Israel suspender de inmediato su ofensiva en Rafah y abrir Gaza a investigación por parte de agencias de Naciones Unidas“, Blog Derecho InternacionalCosta Rica éditée le 24 mai 2024. Texte disponible ici

Note 12: Cf. BOEGLIN N., “Gaza / Israël : à propos de la conclusion des audiences entre l’Afrique du Sud et Israël à la Cour Internationale de Justice (CIJ)“, Blog de la Société Québecoise pour le Droit International (SQDI), édition du 24 mai 2024. Texte disponible ici.

Note 13: Cf. FERNANDEZ J., La politique juridique extérieure des Etats-Unis à l´égard de la Cour pénale internationale, Paris, Pedone, 2010, p. 325. Quelques déclarations du chef de la délégation étasunienne après la conférence de Rome de juillet 1998 sont également éclairantes: “En ce qui concerne Israël enfin, David Scheffer reconnut après Rome que la délégation américaine avait endossé la crainte d´Israël d´être victime d´accusations devant la future Cour en raison de sa politique dans les territoires occupés” (p. 172). On lira avec intérêt la tentative des Etats-Unis d´exclure de la définition de crimes de guerre le « transfert par un Etat d´une partie de sa population dans un territoire qu´elle occupe » (pp. 171-172).

Note 14: Le communiqué officiel du Costa Rica du 27 mai, posté à 12h51, se lit comme suit (voir hyperlien). Il est reproduit ci-dessous dans son intégralité : ni le titre ni le texte de ce communiqué ne font expressément référence à Israël et le mot « incident » est utilisé dans le titre. La deuxième phrase comporte également une faute d’orthographe, ce qui invite à penser que ce texte a été écrit à la hâte, sans révision de style :

Ante ataque a campo de refugiados en Rafah, Costa Rica hace llamado a un alto al fuego inmediato, al cumplimiento de las medidas provisionales de la Corte Internacional de Justicia y a la investigación del incidente

San José, 27 de mayo de 2024. Costa Rica ha recibido con consternación la noticia del bombardeo sobre un campo de refugiados en Rafah, que ha causado la muerte de civiles inocentes, incluidos mujeres y niños, además de múltiples heridos.

Esto suma mayor sufrimiento a una población varias veces desplazada, carente de las condiciones básicas de sobrevivencia por meses, que se encontraba en el último lugar donde se les había prometido refugio seguro.

Este ataque a civiles se ha dado dos días después de que la Corte Internacional de Justicia, órgano judicial supremo de las Naciones Unidas, emitió medidas cautelares de obligatorio cumplimiento en que ordenaba un alto inmediato a las operaciones terrestres y cualesquiera otras acciones en Rafah que pudieran llevar a la destrucción total o parcial de la población palestina en Gaza. 

Costa Rica espera una investigación profunda y objetiva de este hecho con la correspondiente rendición de cuentas.

Reiteramos una vez más el llamado a un alto al fuego inmediato, a la liberación incondicional e inmediata de los rehenes, y al respeto y acatamiento de las normas y principios del Derecho Internacional, especialmente el Derecho Internacional Humanitario, así como a las resoluciones relevantes del Consejo de Seguridad y a todas las medidas precautorias dictadas por la Corte Internacional de Justicia.

Comunicación Institucional -195-2024 CR hace llamado a un alto al fuego inmediato, al cumplimiento de las medidas provisionales de la Corte Internacional de Justicia y a la investigación del incidente – Lunes 27 de mayo de 2024“.

Note 15: Cf. par exemple, PIETROPAOLI I., “Obligations of Third States and Corporations to Prevent and Punish Genocide in Gaza“, Bristish Institute of Interntional and Comparative Law, 5 juin 2024.  Texte disponible ici.

Note 16: Dans le rapport sur l’état de la situation élaboré au 30 décembre 2023 par les Nations Unies (voir texte), on lisait que:

Between the afternoons of 29 and 30 December, 165 Palestinians were killed, and another 250 people were injured, according to the Ministry of Health (MoH) in Gaza. Overall, between 7 October and 7:00 on 30 December, at least 21,672 Palestinians were killed in Gaza, according to the MoH in Gaza. About 70 per cent of those killed are said to be women and children. As of then, 56,165 Palestinians have reportedly been injured. Many people are missing, presumably buried under the rubble, waiting for rescue or recovery.  

On 30 December, the Israeli military announced that one additional soldier had been killed in Gaza and one had succumbed to injuries sustained last week. Overall, since the start of the ground operation, 168 soldiers have been killed, and 955 soldiers injured in Gaza, according to the Israeli military“. 

Kosovo Celebrates  25th Anniversary of Liberation by NATO Troops

By Roy Lie Atjam

Spoken Music was an artistic performance by Luan Buleshkaj and Arben Ramadani to commemorate the liberation of Kosovo on 12 June 1999 by NATO troops. This year marks the 25th anniversary.

The performance included a spoken word act in English, Albanian, and Dutch by Luan Buleshkaj, accompanied by Arben Ramadani, piano. The artists created an interaction between the music and poetry, delivering messages about local and global (Kosovo) themes in an engaging manner.

Arben Ramadani and Luan Buleshkaj.

The performance took place on 3rd June in The Hague.  H.E. Mr. Dren Doli, Ambassador of Kosovo, welcomed the guests and emphasized the importance of commemorating the liberation of Kosovo, a historical event celebrated annually by the Embassy of Kosovo in The Hague.

The artistic spectacle was well attended by a diverse audience of Dutch and international guests, including Ambassadors, representatives from Dutch ministries, international organizations in the Netherlands, NGOs, and members of the Kosovar diaspora.

Ambassador Doli with diplomats and spouses attending the event.

The evening concluded with a reception featuring snacks from the gorgeous Kosovar cuisine.

About the artists:

Pianist Arben Ramadani.

Mr Arben Ramadani is an improvisational pianist and has incorporated his unique, subtle, and interactive style in his work.

The influence of Albanian spiritual idiom is evident in his compositions and playing, defining his music.

Luan Buleshkaj

Mr Luan Buleshkaj is a renowned word artist known for his performances on many esteemed Dutch stages. His work is characterized by puns, language discoveries, rhythm, and a powerful delivery. With over 15 years in the industry, he has received the Fringe Festival Award and the 2020 Ramses Shaffy Prize.

Azerbaijan’s Ambassador Nasimi Aghayev embarked on visit to Hamburg

29-30 May 2024, Free and Hanseatic City of Hamburg, Germany: Azerbaijan’s Ambassador to Germany, Nasimi Aghayev paid his inaugural visit to Hamburg. During the visit, the first meeting with Jan Pörksen, Head of the Hamburg Senate Chancellery, took place. The flag of Azerbaijan flew over the historic Hamburg City Hall. The ambassador informed his interlocutor about the history, culture, economy, traditions of multiculturalism and foreign policy of Azerbaijan. There was also an exchange of views on strengthening relations between Azerbaijan and Hamburg.

Ambassador Nasimi Aghayev subsequently met with Malte Heyne, General Manager of the Hamburg Chamber of Commerce, Jan Rispens, Managing Director of Renewable Energy Hamburg Cluster Agency GmbH and Sven Daniels, partner of HPC Hamburg Port Consulting GmbH. During the meetings, discussions were held on cooperation in the areas of trade, investment, regional transport and transit projects, renewable energy, digitalization, as well as cooperation within the framework of COP29.

Ambassador Nasimi Aghayev also attended the meeting of the Eastern Europe Working Group of the Hamburg Chamber of Commerce. The ambassador informed the participants in detail about Azerbaijan’s role in the Middle Corridor, regional transport projects, energy transition and preparations for hosting COP29 in Azerbaijan. At the event, the ambassador also spoke with representatives of leading Hamburg companies and invited them to visit Azerbaijan. The Ambassador was accompanied to the meetings by Dr. Elman Muradov, Counsellor for Economic Affairs. 

Renewable Energy Hamburg Cluster Agency GmbH

During the visit, Ambassador Nasimi Aghayev also met with members of the Azerbaijani community in Hamburg. At the meeting, the ambassador spoke about the importance that the Azerbaijani government attaches to the development of the diaspora, listened to the suggestions of our compatriots and exchanged views with them.

The Ambassador also met with Emine Derya Kara, Consul General of Türkiye in Hamburg, and discussed issues of further strengthening the coordination work between their communities.

For further information 

Embassy of Azerbaijan in Germany: https://berlin.mfa.gov.az/de/news/4064/botschafter-nasimi-aghayev-stattete-seinen-antrittsbesuch-in-hamburg-ab

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Pictures courtesy of the Embassy of Azerbaijan in Germany 

11th annual Ibero-American Week of International Justice: Encouraging reflection on international law and Ibero-American community’s role

The 11th annual Ibero-American Week of International Justice, organised by the Ibero-American Institute for Peace, Human Rights, and International Justice (IIH), took place from 27 to 31 May 2024 in The Hague, Netherlands. Consisting of a series of events, the Ibero-American Week promotes interest and knowledge about the mandate and activities of the International Criminal Court (ICC), as well as international criminal law more generally, among the Ibero-American communities. It also aims to highlight their support and contribution to international justice and the fight against impunity.

This year’s edition opened with a ceremony at the seat of the International Criminal Court, with the participation of ICC Judge Sergio Ugalde, ICC Registrar Osvaldo Zavala Giler, Guillermo Escribano, General Director of Directorate Spanish in the World, Ministry of Foreign Affairs of Spain, H.E. Ms. Carolina Olarte, Ambassador of Colombia to The Netherlands and Coordinator of the Group of Latin America and the Caribbean, and Hector Olasolo, President of the IIH.

The 11th annual Ibero-American Week of International Justice’s opening.

In his opening remarks at the ceremony, ICC Judge Sergio Ugalde said: “The Ibero-American week is a memorable experience that encourages reflection on the state of international law and the role of the Ibero-American community in strengthening it. Justice operates to protect human beings. It is thanks to them and for them that the system exists, and this must always be a priority in all justice systems.”

For the ICC, the Ibero-American week is also about recognizing the large number of Ibero-American countries that are signatories of the Rome Statute and support the Court and its mandate. The ICC continuously works to promote cooperation, complementarity, and universality, which are essential for the effective functioning of the Rome Statute legal system. The Court cannot fulfil its mandate without global support and cooperation.

Hector Olasolo, President of the IIH.

As the ICC Registrar, Osvaldo Zavala Giler, emphasized in his opening remarks at the ceremony, “among the membership of the Court, we proudly have almost all the countries that comprise the Ibero-American platform. This means that the ICC has vast resources that consistently strengthen and nourish our legitimacy and support our ability to face the challenges imposed on the noble work of our Court and of international justice in general”.

Himself from Ecuador, he further added: “Without a doubt, the contributions to the ICC from our countries and societies are of great importance, not only because of the excellent judges, elected officials, civil servants and professionals who have passed through the Court or currently serve its mission, but also because those people inspired to continue deepening the impact of the Court domestically and in academic settings.”

The annual Ibero-American week is supported not only by the Court, but also by the Ibero-American embassies, as well as institutions, international organizations and universities based in The Hague, whom the President of the IIH, Hector Olasolo, thanked in his remarks. He also emphasized the importance of the events taking place, which include seminars, presentations, performances, hearings, meetings, panel discussions and more.

For example, ICC Judge Luz del Carmen Ibáñez Carranza gave a presentation on “Discrimination: dimensions and impact on international justice”, in which she addressed discriminatory practices in international justice, discrimination and its impact on those working to end impunity.

H.E. Ms. Carolina Olarte Bácares, Ambassador of Colombia.

As the Ambassador of Colombia to the Netherlands Carolina Olarte stated, the Ibero-American week seeks to contribute to the work for justice “…through profound academic reflections that are equivalent to a diagnosis of the current state of international justice.” She also stressed that the exercise is an opportunity to renew “the fundamental and permanent commitment of our states to the peaceful resolution of disputes, one of the pillars of the current international public order.”

ICC moot Court Competition.

The week ended with the 11th edition of the Spanish version of the ICC Moot Court Competition, organized by the IIH with the institutional support of the ICC. The best students from 13 universities from 7 Ibero-American countries participated in the preliminary round of this year’s ICC Moot Court Competition. The competition was won by the University of Guadalajara (Mexico), with second and third place going to the University of Cádiz (Spain) and the University of Buenos Aires (Argentina) respectively.

The finalists competed in a fictitious case in the main Courtroom of the ICC before a jury of eminent jurists, broadcasted live on the ICC website and the Court’s Facebook channels. Through the participation of students in simulated court proceedings, the competition aims to promote the training of future professionals who will continue to help create a more just world.

Find out more about the activities of the 2024 Ibero-American Week: https://bit.ly/4aF3ejG.

The Story of La Maison Guilhem

In the heart of The Hague, La Maison Guilhem stands as a mark of elegance and sophistication. Established in 2021 by Managing Director Marinette Diafouka, this boutique wine and champagne house has quickly become synonymous with the finest offerings from the Occitanie region of Southern France. However, what truly sets La Maison Guilhem apart is its own brand of champagnes, the exquisite grand cru MCMXXV, crafted in collaboration with renowned environmental-friendly producer Jean-Claude Mouzon from Verzenay, France.

Madame Diafouka shares, “La Maison Guilhem is born out of my passion for exceptional products, reflecting unique craftsmanship passing down from generations to generations, and exclusive lifestyle. The reference to ‘Guilhem’ is rooted in my childhood in the Occitanie region, in the South of France, nearby the inspiring city of Montpellier which was created in 989 by the distinguished and ambitious ‘Guilhem’ dynasty. After several years passed in Occitanie, my parents moved out further north to the beautiful Champagne region. Before I left France in the 2000s’ to live in London for more than a decade and then settle in Den Haag, I gradually realised that my passion and taste for wines and champagne had been firmly established due to the places I lived in, and most importantly the incredible people I had met on the way.”

MCMXXV, derived from the Roman numerals for 1925, pays homage to the timeless charm and joie de vivre of the Roaring Twenties. It was a period marked by profound social, cultural, and artistic transformations, with the International Exhibition held in Paris serving as a catalyst for the global dissemination of Art Deco aesthetics.

Madame Diafouka recalls, “I started to value that appreciating wines and champagne in good company and with temperance was about enjoying present moments and recalling pleasant memories. To this day, I can for example remember the emotions my husband and I felt when we opened in April 2012 a bottle of vintage champagne from 1986 that had been with us for so many years throughout our numerous moves, from France to the United Kingdom.”

At the heart of MCMXXV lies a dedication to quality and craftsmanship. La Maison Guilhem offers two exquisite variations of this champagne: a grand cru vintage blend of pinot noir and chardonnay, and a rare grand cru Blanc de Blancs chardonnay.

Madame Diafouka emphasizes, “Beyond the values our brand MCMXXV represents, our champagnes are classified as ‘grand cru’ elaborated by the best environmental-friendly producers in Verzenay, France. I would like to point out that the vast majority of champagnes, including the most popular brands worldwide, are not ‘grand cru’, unlike Champagne MCMXXV. My focus is on delivering to my customers products of exceptional quality. My signature champagne is an extra brut (i.e., low in sugar) MCMXXV 2015 vintage (also referred to as millésime), harmoniously blending 20% of pinot noir and 80% of chardonnay. The quantity of bottles produced for this Champagne MCMXXV 2015 millésime is limited and each bottle is therefore uniquely numbered.”

Yet, La Maison Guilhem serves as a modern-day patron of the arts, embracing a philosophy that values culture and creativity as integral components of a rich and fulfilling life. Through partnerships with talented artists and cultural institutions, La Maison Guilhem actively promotes cultural events and collaborates on the creation of exclusive artworks inspired by the spirit of MCMXXV.

La Maison Guilhem

Madame Diafouka explains, “Every year, we take part in the wine tastings organised by the Rotary International Club of The Hague. We also have partnerships around targeted events fitting our philosophy. We have partnered up with the jewellery Spadafora for their spring launch in Den Haag earlier this year. Through our unique relationship with well-established and international art gallery ‘Chiefs and Spirits’ located in Den Haag, we host tasting events and promote arts and culture. Very directly, La Maison Guilhem works with and supports several artists, currently collaborating with French-born artist Marc Duran and Guinea-born artist Myriam Soufiane who have decorated our limited-edition champagne boxsets.”

In a world where mass production often overshadows artisanal craftsmanship, La Maison Guilhem stands close to tradition and excellence. With its commitment to quality, sustainability, and the celebration of artistry, it continues to captivate connoisseurs and aficionados alike, inviting them to indulge in a taste of luxury and sophistication unlike any other.

For those eager to experience the luxury of La Maison Guilhem, Marinette Diafouka notes, “While our website [www.lamaisonguilhem.com](http://www.lamaisonguilhem.com) is being finalised, all customers can contact me directly at mdiafouka@gmail.com to purchase our wines and champagnes and to be invited to our regular tastings organised in Den Haag or elsewhere. My philosophy is to build personalised and long-term relationships with our customers. MCMXXV symbolises a lifestyle, the conscious choice and desire to celebrate everyday joys and victories.”

Looking ahead, Marinette is optimistic about the future, “We anticipate that 2025 will be a great year for Champagne MCMXXV and we are planning several events in the Netherlands and internationally to celebrate 100 years of art deco. In addition to making new tastes of champagnes MCMXXV available to our customers in the coming months, we aim to secure some solid partnerships with prominent and international art fairs to strengthen our ambition to support arts and culture.”

Contacts directly mdiafouka@gmail.com

Croatia: Celebration of the 34th Statehood Day

By Roy Lie Atjam

On the bright morning of May 30, 2024, H.E.Ms. Dubravka Plejić Marković, Ambassador of Croatia, organized a reception at the Chancellery in The Hague to celebrate her country’s Statehood Day.

The event was attended by friends of Croatia, business associates, international representatives, patriots, and a high turnout of Ambassadors, including the Dean of the Diplomatic Corps, the Ambassador of Yemen  and those from Armenia, Algeria, Azerbaijan, Bangladesh, Chile, Cyprus, Costa Rica,  Estonia, Ghana, Greece, Moldova, Morocco and Poland.

Also the ambassadors of Romania, Tanzania, Turkey, Spain, Turkey, UK, Ukraine, the Director General of OPCW and the Nuncius. They all came by to felicitate Ambassador Dubravka Plejić Marković on this significant day.

Ambassadors attending the Croatian celebration of the 34th Statehood Day on May 30th.

In her welcome address Ambassador Dubravka Plejić Marković stated the following. We are observing Statehood Day in memory of May 30, 1990, when 34 years ago Croatian people, as many others in Central and Eastern Europe following the Fall of the Berlin Wall decided to march toward democracy thus breaking from decades of communist rule.

On that historic day, first multi-party democratic parliament was constituted in Zagreb and foundation for our statehood was laid down.

Ambassador Markovic during her speech. May 30th 2024.

Everything that followed was led by determination of Croatian people to exercise rights conferred upon them. However, long national struggle toward full sovereignty, independence and territorial integrity ensued. As we stand here today, 34 years after historic shifts, we are sadly reminded that our societies are facing again many global challenges as well as wars and war mongering.

Today, unlike in the recent past, we do not stand alone. Our membership in international and regional organization and alliances, in organizations such as the OPCW and international cooperation with many of your countries is making us stronger and more resilient.

The guests were able to enjoy a selection of Croatian wines, foods and pastries.

Croatian wines.

The wonderful atmosphere provided a great opportunity to socialize and reconnect.

Croatia 34th Statehood Day. May 30th 2024, The Hague.

Europa: Pioniera nella Regolamentazione dell’Intelligenza Artificiale

L’Europa ha assunto un ruolo di leadership globale nella regolamentazione dell’intelligenza artificiale (IA), adottando misure innovative per disciplinare questa tecnologia emergente. Il continente ha sviluppato un quadro legislativo unico al mondo, volto a gestire i rischi associati all’IA e a promuovere un uso responsabile e sicuro della tecnologia.

Regolamentazione Basata sul Rischio

La normativa europea sull’IA è costruita su un approccio basato sul rischio. Questo significa che i sistemi di IA sono classificati in base al loro potenziale impatto sulla società:

1. Rischio Limitato: I sistemi di IA che rientrano in questa categoria saranno soggetti a obblighi di trasparenza minimi.

2. Alto Rischio: Questi sistemi possono essere autorizzati solo se rispettano una serie di requisiti rigorosi. Tali obblighi includono garanzie di sicurezza, trasparenza e rispetto dei diritti fondamentali, per poter accedere al mercato dell’Unione Europea.

3. Rischio Inaccettabile: Sono proibite tecnologie che manipolano il comportamento cognitivo e sociale delle persone o utilizzano punteggi sociali. Anche l’uso dell’IA per la polizia predittiva basata sulla profilazione e i sistemi che classificano le persone in base a dati biometrici, come razza, religione o orientamento sessuale, sono vietati.

Il Compromesso di Bruxelles

Con l’arrivo di tecnologie avanzate come il chatbot ChatGPT nel novembre 2022, Bruxelles ha dovuto affrontare un delicato equilibrio. Da un lato, c’era la necessità di proteggere i diritti umani e i valori fondamentali dell’Unione Europea, messi a rischio dalla rapida evoluzione tecnologica. Dall’altro lato, gli industriali e gli investitori richiedevano regolamentazioni meno stringenti per non ostacolare gli investimenti e l’innovazione.

Questo dilemma è stato risolto con un compromesso che bilancia le esigenze di sviluppo tecnologico e tutela dei diritti umani. Il Regolamento definisce “sistema di intelligenza artificiale” in modo tecnologicamente neutrale, permettendo di adattarsi ai futuri sviluppi del mercato e tenendo conto dei rapidi progressi tecnologici.

Impatto Economico e Futuro

L’AI Act rappresenta un passo significativo per l’Europa, non solo in termini di regolamentazione, ma anche come motore economico. Nel 2023, solo in Italia, il mercato dell’IA ha registrato un aumento del 52%, con un afflusso di 760 milioni di euro, secondo quanto riportato da “Innovation Post”.

Grazie all’AI Act, l’Europa promuoverà le evoluzioni e le opportunità economiche offerte dall’IA, minimizzando al contempo i rischi per i suoi valori fondamentali. Questa normativa pone l’Europa come un attore chiave e innovativo a livello globale, capace di proporre un modello equilibrato e lungimirante per l’adozione dell’intelligenza artificiale.

Small Island Developing States

BorderCrossing, Volume 5 – Issue 1

Princess Kako: “Diana of the East” Visits Greece for 125 Years of Greek-Japanese Diplomatic Relations

By Eleni Vasiliki Bampaliouta

Princess Kako is currently in Greece to honor the long-standing friendship between Greece and Japan. She is visiting as part of the “Year of Culture and Tourism of Greece and Japan,” attending the ceremony marking the 125th anniversary of Japan-Greece diplomatic relations.

The 30-year-old Princess Kako, often referred to as the “Diana of Japan,” is much beloved in her homeland due to her extensive charity work. During her visit, she met with the President of the Republic, Katerina Sakellaropoulou, and Prime Minister Kyriakos Mitsotakis, who was accompanied by his wife, Mareva Grabovski. Upon her arrival in Athens yesterday, she toured the Acropolis Museum and the National Gallery. It is worth noting that 2024 is a significant year for both nations, as it was designated an honorary year in January 2023 during an official visit to Japan by Greek Prime Minister Kyriakos Mitsotakis, where he met with Japanese Prime Minister Fumio Kishida.

Princess Kako remarked, “Japan and Greece share a long maritime tradition and many common geographical features, such as the sea and scattered islands, as well as cultural elements like a healthy diet based on seafood. The unique monumental heritage of Greece attracts numerous tourists from around the world. Japanese visitors are captivated by the country’s culture and civilization,” she said. “I was deeply impressed by the architectural perfection of the Parthenon, admiring the magnificence and elegance of this monumental achievement built 2,500 years ago. I am truly grateful for the opportunity to experience such a unique cultural heritage.”

Princess Kako with the President of the Hellenic Republic, Katerina Sakellaropoulou. Συνάντηση της Προέδρου της Δημοκρατίας Κατερίνας Σακελλαροπούλου με την πριγκίπισσα Κάκο της Ιαπωνίας στο Προεδρικό Μέγαρο, Τρίτη 28 Μαΐου 2024. (ΜΙΧΑΛΗΣ ΚΑΡΑΓΙΑΝΝΗΣ/EUROKINISSI)

She also highlighted that in Japanese schools, especially in social and natural science and mathematics courses, the wisdom of ancient Greece is integrated into the curriculum. She specifically mentioned “Aesop’s Fables,” a book translated into Japanese about 400 years ago, which she re-read in preparation for her visit to Greece. “Ancient Greek culture continues to inspire Japan to this day,” she stated, adding that she plans to visit the Museum of Asian Art in Corfu, which houses a large collection of Japanese artworks, as well as the Monastery of Faneromeni in Salamina, where Japan has contributed significantly to the restoration of its valuable frescoes.

Who is Princess Kako?

Princess Kako of Japan, the daughter of Crown Prince Akishino and great-granddaughter of Emperor Hirohito, is often referred to as the “Diana of the East” due to her popularity stemming from her charity work. Also known as the “Hope of the Throne,” her 20th birthday celebration in 2014 saw 80,000 people gather at the palace.

Apart from her active involvement in charitable and social causes, particularly for the deaf, Princess Kako has gained recognition for her diplomatic engagements, leading to her being regarded as a “cultural asset” and a “symbol of hope for the Japanese people.” However, Princess Kako is not eligible to ascend the Chrysanthemum Throne, as it is strictly forbidden for women to do so in Japan. Nonetheless, she remains highly beloved due to her ability to bridge tradition with modernity, reflected in her public appearances and style.

In 2021, her older sister, Princess Mako, chose to marry a “commoner” (a decision not permitted for Japanese princesses). As a result, Mako had to renounce her title, privileges, and wealth, opting to live as an ordinary citizen. She now resides with her husband in a two-room apartment in New York. Earlier this year, it was revealed that their mother, 57-year-old Princess Kiko of Akishino, is suffering from a mysterious stomach ailment that prevents her from eating normally. With concerns about her mother’s health and Mako absent, Princess Kako had to “step forward.”

Honoring Japanese Traditions

Princess Kako’s adherence to Japanese traditions has endeared her even more to the public. This is evident in the case of her older sister, Princess Mako, who in 2021 decided to marry a “commoner.” This marriage led to Mako renouncing her title and the privileges of remaining within the imperial family. She chose to live a regular life with her husband in New York, working at the Met. A photo of Kako bidding farewell to Mako on the day she left the palace went viral, sparking widespread commentary.

Diplomacy and Tradition at the Turkish Residence

A Morning of Cultural Delights

On a pleasant morning, diplomatic spouses gathered at the Turkish Residence in The Hague for a delightful and culturally rich Turkish Breakfast hosted by Dr. Lerzan Kayıhan Ünal, spouse of His Excellency the Ambassador Selcuk Ünal. The event, organized under the auspices of the Embassy of Turkey and the Yunus Emre Institute in Amsterdam for the Association of Spouses of Ambassadors (ASA), was an exquisite journey into Turkish culinary and artistic traditions.

Welcoming Remarks and Historical Context

Welcoming the guests, Dr. Lerzan Kayıhan Ünal highlighted the historical significance of the venue. “Welcome to the Turkish Residence,” she began. “On this occasion of ASA, we are very happy to host you in the Turkish Residence, which is a Dutch cultural heritage building. This traditional house is 290 years old and has been with us since 1937. This year, we are celebrating the 100th anniversary of the Turkish-Dutch Friendship Treaty of 1924. Therefore, the building has seen and witnessed most of the modern Turkish-Dutch ties and a lot in the history of The Hague.”

The Essence of Turkish Breakfast

As the event unfolded, guests were introduced to the rich and varied traditions of the Turkish breakfast, an essential part of Turkish gastronomy. Dr. Kayıhan Ünal elaborated on the diverse offerings, “A traditional Turkish breakfast consists of a selection of cheeses such as tulum, kaşar (cheddar), çökelek (cottage), and mihaliç, in addition to traditional white cheese. Along with cucumbers, tomatoes, peppers, and leafy greens, black and green olives from the Marmara, Aegean, and north Aegean can be on the table, along with honey and homemade jam.

Freshly baked crispy breads and simit are served with Turkish tea in tulip-shaped glasses. Another highlight is menemen, a flavorful dish of eggs, tomatoes, and peppers. Turkish coffee may complement digestion afterwards.”

Regional Breakfast Variations

Dr. Kayıhan Ünal introduced several local Turkish breakfast menus, each with unique characteristics:

  • Aegean Breakfast: Light flavors with fresh vegetables.
  • Black Sea Breakfast: Regional dishes featuring various types of corn and the renowned Turkish tea grown along the Black Sea coast.
  • Gaziantep Breakfast: Known for its greens and delicious olives, Gaziantep is listed in UNESCO’s Creative Cities Network in the field of gastronomy.
  • Van Breakfast: Famous for its geographically marked herbed cheese.

Dr. Kayıhan Ünal also emphasized the cultural importance of these breakfasts by supporting efforts to mark the 2nd of June as World Breakfast Day.

Turkish Tile Art – Çini

While enjoying the sumptuous breakfast, guests were introduced to another facet of Turkish culture: Çini (Tile) art. Lerzan Kayıhan Ünal described Çini as traditional, handmade glazed tiles and ceramics featuring colorful motifs of plants, animals, and geometric patterns, often found on facades of buildings and homes throughout Turkey.

“Çini is a symbolic aspect of Turkish cultural identity,” she noted, tracing its roots through Anatolian Seljuk and Ottoman styles to contemporary productions in Kütahya, İznik, and Çanakkale.

In the picture the spouses of Bulgaria Mrs. Nadya Dimitrova, Ecuador, Mrs. Maria Rosa Egüez, Slovenia, Mrs. Ala Adamia, Egypt, Mrs. Rania Abouelela, Bangladesh, Mrs. Sazia Ahmed Hamidullah, Türkiye, Mrs. Lerzan Kayıhan Unal -hostess, Moldova, Mrs. Victoria Dobinda, Tunisia, Mrs. Hager Denguezl, Morocco, Mrs. Insaf Ghanemi Basri, Bosnia and Herzegovina, Mrs. Nela Ion Colin, South Korea, Mrs. Hyejung Kim.

Artistic Performances

Before handing the floor to Ms. Betül Aşlı Bayram, a renowned tile artist, Dr. Ünal introduced the artists present at the event. Ms. Bayram, a graduate of the Ceramics Department at Dumlupınar University, is a certified tile artist by the Turkish Ministry of Culture and Tourism.

She has exhibited her work nationally and internationally and was honored with the Art and Culture Award at the Golden Tulip Republic Ball in the Netherlands in 2022. She recently showcased her art on the Dutch national channel NPO2’s program BinnensteBuiten.

The event also featured an extraordinary performance by Mr. Şükrü Kiriş, a Ney flute artist born in Amsterdam. Mr. Kiriş has performed in prominent venues such as the Koninklijke Concertgebouw, Meervaart, and Theater Zuidplein, and has collaborated with the Nederlands Blazers Ensemble. He has also participated in programs in France, Belgium, and Germany.

Concluding her remarks, Dr. Kayıhan Ünal expressed gratitude to the Yunus Emre Institute in Amsterdam for their support in arranging the performances, enriching the event with a deeper cultural resonance.