Friday, May 3, 2024

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) est une organisation multilatérale singulière

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DIPLOMAT MAGAZINE “For diplomats, by diplomats” Reaching out the world from the European Union First diplomatic publication based in The Netherlands Founded by members of the diplomatic corps on June 19th, 2013. Diplomat Magazine is inspiring diplomats, civil servants and academics to contribute to a free flow of ideas through an extremely rich diplomatic life, full of exclusive events and cultural exchanges, as well as by exposing profound ideas and political debates in our printed and online editions.

By Ambassador Stéphane López, Représentant Permanent de La Francophonie auprès de l’Union européenne.

Imaginée par un Québécois : le journaliste Jean-Marc Léger, portée en son projet fondateur par un Sénégalais : Léopold Sédar Senghor, et créée grâce à la mobilisation visionnaire de plusieurs Chefs d’Etat du grand Sud francophone : les Diori Hamani, Habib Bourguiba, Charles Hélou, Philibert Tsiranana, ou d’Asie : Norodom Sihanouk, elle a vu le jour le 20 mars 1970, à Niamey, au Niger.

Ces origines montrent assez que, contrairement à une représentation tenace, elle n’est pas un instrument français, née de la volonté de la France, et au service de ses intérêts.

Imaginer les Présidents cités plus haut avoir été de vils serviteurs de ce pays alors qu’ils furent les premiers Chefs d’Etat de pays souverains, libérés de la tutelle de la colonisation française, c’est non seulement leur faire injure, mais surtout méconnaître la réalité historique.

Penser qu’un multilatéral puisse être le jouet d’un seul Etat, aussi puissant soit-il, c’est mal connaître ce type d’institution.

Non, l’OIF est une construction bien plus subtile : elle est une promesse de dialogue, de partage, de solidarité, et de collaboration, d’abord sur le plan strictement de la coopération (Agence de coopération culturelle et technique, ACCT, des origines), puis, de plus en plus, sur ceux politiques et diplomatiques (Agence intergouvernementale de la Francophonie, AIF, et finalement OIF), impliquant les Chefs d’Etat et de gouvernement, de désormais quelque 84 pays, répartis sur 5 continents.

Si elle est née au Sud, par la volonté de Chefs d’Etat, qui n’entendaient pas accéder à l’indépendance en rompant toute relation de complicité culturelle et politique avec les anciennes puissances coloniales, pas plus qu’abandonner les avantages offerts par la connaissance et l’usage de la langue française, médium naturel d’une certaine ouverture à l’international, elle a su évoluer et accueillir de nouveaux pays d’Afrique, de l’Océan indien, d’Asie, de la Caraïbe, d’Europe, du Moyen-Orient, du Golfe, et plus récemment des trois Amériques : du Nord, centrale et du Sud.

Et puisque nous sommes ici entre les pages d’une revue néerlandaise, il faut s’arrêter sur l’effectif remarquable – et souvent surprenant pour les observateurs peu initiés à la Francophonie multilatérale – des Etats européens, membres à un titre ou à un autre de l’OIF : soit 31 Etats, dont 17 membres de l’Union européenne et la plupart des candidats à l’intégration (Balkans occidentaux et orientaux).

A noter que les Pays-Bas eux-mêmes se sont récemment interrogés sur l’opportunité d’une adhésion à l’OIF : le Ministre des Affaires étrangères avait rencontré aussi, dans cette hypothèse, la Secrétaire générale de la Francophonie, Madame Michaëlle Jean.

L’OIF conduit, à la demande de ses Chefs d’Etat et de gouvernement, réunis tous les deux ans en Conférence dans l’un des Etats membres, des politiques sur les champs linguistique, culturel, éducatif, de la formation, de la jeunesse, de la bonne gouvernance, de la médiation ante et post-crise, du renforcement de la liberté de la presse, de la protection de l’environnement, de l’égalité des genres, de l’économie et du numérique.

Les formes prises sont celles du plaidoyer, de la levée de fonds auprès des grands bailleurs institutionnels et bilatéraux, de la mise à disposition d’expertises, de l’offre de formations, de l’organisation de grandes concertations régionales ou mondiales, de la facilitation de la circulation des œuvres, des idées et des positions.

Il s’agit en synthèse tout à la fois de partager entre pays membres et de faire entendre la voix de la communauté francophone, sans arrogance, sans complexe non plus, dans le respect de toute sa diversité et de toute sa richesse, en étant à l’écoute du monde, de ses défis pour sa jeunesse, qui fera et sera la francophonie de demain.

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Droit d’auteur sur la photo RPUE-OIF 

 

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